Un peu d'histoire
La ville antique d'Aventicum
La ville romaine d'Aventicum est née vers le tournant de notre ère. Sa population est estimée à 20'000 personnes au 1er siècle apr. J.-C.
Dès la fin de l’Antiquité, la ville a servi de carrière, mais plusieurs monuments témoignent encore de sa grandeur passée.
La fondation de la ville d'Aventicum est vraisemblablement à mettre en relation avec la tentative avortée de migration des Helvètes en 58 avant notre ère et leur retour forcé à leur point de départ. Le nom de la ville dérive de celui de la déesse protectrice celtique Aventia. Aventicum fut la capitale des Helvètes.
On ne sait rien de précis sur la date de la fondation de la ville. Ces dernières années, des vestiges de la fin de la période celtique (1er siècle av. J.-C.) ont été à plusieurs reprises mis au jour sur le site, en particulier des sépultures et des fosses au sud-ouest des futurs quartiers de la ville.
Plus loin au sud, un oppidum (habitat de hauteur) existe dans la seconde moitié du 1er siècle av. J.-C. sur la proche colline du Bois-de-Châtel.
Au plus tard vers 5/6 apr. J.-C., est attestée une installation portuaire sur le lac de Morat, alors qu'en ville, se met en place un réseau de rues orthogonal, caractéristique des cités romaines. Plus de 60 quartiers ainsi délimités (lat. insulae) sont aménagés jusqu'au 2e siècle. La ville possède un forum (place publique) plusieurs établissements de bains (thermes) et au moins huit temples. Les cimetières sont quant à eux installés aux différentes sorties de la ville.
La pierre de construction provient principalement de la rive jurassienne du lac de Neuchâtel. De vastes secteurs de la ville se signalent par un sous-sol très humide. De ce fait, les constructeurs sont régulièrement contraints d'assurer la stabilité des fondations en implantant préalablement dans le sol des pieux de chêne.
Ces bois se sont souvent conservés et peuvent aujourd'hui être datés avec précision grâce à la dendrochronologie (méthode de datation fondée sur la mesure des cernes de croissance du bois).
Aventicum, probablement nommée Forum Tiberii à ce moment-là, connaît un premier « âge d'or » dans les années 30-50 apr. J.-C., sous les règnes des empereurs Tibère et Claude. En témoigne notamment un groupe sculpté plus grand que nature figurant des membres de la famille impériale, qui orne le forum de la ville.
En 71/72 apr. J.-C., l'empereur Vespasien, dont le père et les fils ont passé une partie de leur vie à Aventicum, élève la ville au rang de colonie sous le nom de Colonia Pia Flavia Constans Emerita Helvetiorum Foederata.
A cette époque démarre la construction d'un mur d'enceinte long de 5,5 km, ceignant un territoire de 228 hectares. Peu après furent également édifiés le théâtre, l'amphithéâtre et le sanctuaire du Cigognier, trois édifices caractéristiques de l'architecture publique romaine.
Loin des frontières de l'Empire, à l'écart des crises politiques régionales, Avenches connaît une longue période faste jusqu'au début du 3e siècle. Si les incursions alamanes de 275 apr. J.-C. semblent avoir occasionné de gros dégâts, des activités édilitaires sont encore signalées au 4e siècle, en particulier des travaux de fortifications autour du théâtre.
La population d'Aventicum est probablement en grande partie constituée d'Helvètes. Les élites de ce peuple ont sans doute conservé leur statut et ce sont eux qui obtiennent les premiers la citoyenneté romaine. Ces notables sont ainsi conjointement les garants de la pénétration de la culture romaine et d'une certaine stabilité politique.
L'intérêt pour les vestiges archéologiques de la ville romaine d'Avenches est né au 16e siècle. Quelques fouilles archéologiques furent effectuées à partir du 18e siècle, mais une véritable exploration systématique ne démarra qu'à partir de la constitution de l'Association Pro Aventico en 1885. Le Musée Romain fut quant à lui créé en 1824.
Depuis 1838, il occupe la tour médiévale édifiée au 11e siècle sur les vestiges de l'amphithéâtre romain.
L’Empire Romain
Jusqu'au 6e siècle, Avenches est un siège épiscopal. Au 7e siècle, un nouveau nom de lieu fait son apparition, Wibili, qui deviendra plus tard Wiflisburg.
A partir du petit établissement fondé en 753 av. J.-C., Rome constitue en l’espace de huit siècles un Empire « mondial ». Vers 300 av. J.-C., la domination de l’Italie est achevée. Aux environs de 50 av. J.-C., de grandes parties de l’Europe, du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord sont absorbées. La date de 117 apr. J.-C. marque l’extension maximale de l’Empire. D’importants secteurs des territoires conquis sont désormais protégés des peuples voisins par un rideau de fortifications mis en place à leurs frontières (limes).
L’emprise de Rome sur les territoires conquis repose sur cinq piliers: une armée puissante, une législation homogène, une administration commune, une monnaie unique et une langue officielle, ou plutôt deux, le latin à l'Ouest et le grec à l'Est.
Durant le 3e siècle, une détérioration du climat, ainsi qu'une série de crises économiques et politiques marquent le début d'un déclin, qui conduira en l'an 476 à l'éclatement de l'Empire romain.
La civilisation romaine restera néanmoins bien vivante en Europe pendant près d'un millénaire. Le latin demeurera jusqu'au 16e siècle la langue commune des érudits. Le droit romain sert en outre de fondement à nombre de législations actuelles. Par ailleurs, le calendrier romain, moyennant quelques légers accommodements, est aujourd'hui encore en usage.
La Suisse au temps des Romains
C'est au plus tard en 15 av. J.-C. que le territoire de la Suisse actuelle est annexé à l'Empire romain. Cinq différentes provinces se partagent ces terres: les Grisons et une grande partie de la Suisse orientale sont rattachés à la Rhétie, le Tessin et les vallées grisonnes du sud des Alpes appartiennent à l'Italie, le Valais aux provinces alpines et Genève à la Gaule Narbonnaise. Le Plateau, entre Jura et Alpes (territoire des Helvètes) ainsi que la région bâloise (pays des Rauraques) sont d'abord rattachés à la Gaule Belgique, puis à la Germanie Supérieure.
D'importants axes de circulation sud-nord (la route du Grand-Saint-Bernard et celles des cols grisons) ainsi qu'un axe principal ouest-est à travers le Plateau) traversent le territoire suisse actuel. S'y ajoutent les voies navigables, en l'occurence la voie rhénane vers la Mer du Nord à partir des lacs de Neuchâtel et de Morat, et celle de la Méditerranée, par le lac Léman et le Rhône. Ces différents axes servent aux déplacements des troupes, au transport des personnes ainsi qu'aux échanges commerciaux à courte et longue distance.
Durant le 1er siècle, une légion - soit 6'000 soldats auxquels s’ajoutent des troupes auxiliaires - est stationnée dans le camp de Vindonissa (Windisch, canton d'Argovie).
L'habitat sous la forme de villes est alors une nouveauté. On en trouve notamment à Nyon (Colonia Iulia Equestris), à Augst (Augusta Raurica), à Martigny (Octodurus / Forum Claudii Vallensium) et à Avenches (Aventicum). De ces villes dépendent d'autres agglomérations plus modestes, alors qu'une multitude d'établissements ruraux complètent le paysage.
Autre nouveauté liée à la conquête romaine, l'usage de la maçonnerie. D'abord réservé aux monuments publics, ce mode de construction s'imposera progressivement dans l'architecture privée, dans les agglomérations comme dans les campagnes.
Le fondement de l'économie régionale demeure avant tout l'agriculture. Divers secteurs d'activités artisanales se développent toutefois parallèlement, jusqu'à atteindre parfois une envergure industrielle. L'intégration dans un vaste réseau d'échanges commerciaux permet en outre l'importation de nombreux produits jusqu'alors inconnus, comme par exemple, dans le registre des denrées alimentaires, l'huile d'olive, les sauces de poissons, les dattes ou encore les huîtres.
Chronologie de l’Empire romain
Date mythique de la fondation de Rome | 753 av. J.-C. | |
509 av. J.-C. | Institution de la République romaine | |
L'autorité de Rome s'étend progressivement en Italie, dans la péninsule ibérique, en Grèce, en Asie Mineure et en Afrique du Nord | 3e-1er siècle av. J.-C. | |
58 av. J.-C. | Exode manqué des Helvètes et bataille livrée contre Jules César près de Bibracte | |
Début de l'Empire | 58-51 av. J.-C. | |
27 av. J.-C. - 14 apr. J.-C. | Règne d'Auguste | |
Ouverture de la voie du Grand-St-Bernard | 25 av. J.-C. | |
16/15 av. J.-C. | Annexion des régions alpines | |
Les plus anciennes constructions attestées à ce jour à Aventicum | 5/6 apr. J.-C. | |
14-101 apr. J.-C. | Camp légionnaire de Vindonissa (Windisch, canton d'Argovie) | |
Conquête de la Bretagne (Grande-Bretagne) sous le règne de l'empereur Claude | 43 apr. J.-C. | |
71/72 apr. J.-C. | Aventicum reçoit le statut de colonie sous le règne de Vespasien, sous le nom de Colonia Pia Flavia Constans Emerita Helvetiorum Foederata | |
Extension maximale de l'Empire sous le règne de Trajan | 117 apr. J.-C. | |
2e siècle apr. J.-C. | Apogée de Rome et de ses provinces | |
Incursions des Alamans sur le territoire helvétique; importantes destructions | 275 apr. J.-C. | |
4e siècle apr. J.-C. | Les plus anciens témoins du christianisme à Aventicum | |
Division de l'Empire en un Empire d'Occident et un Empire d'Orient | 395 apr. J.-C. | |
476 apr. J.-C. | Fin de l'Empire romain | |
Aventicum est attesté en tant que siège épiscopal | 6e siècle apr. J.-C. | |
592 apr. J.-C. | Le dernier évêque d'Avenches, Marius (Saint-Maire), est déplacé à Lausanne | |
Avenches est aussi appelé Wibili, nom plus tard germanisé sous la forme Wiflisburg | 7e siècle apr. J.-C. | |
A partir du 11e siècle | La tour, qui abrite aujourd’hui le Musée, a été édifiée au 11e siècle sur les vestiges de l’amphithéâtre antique. |